Esclavage : « La femme n’est pas une propriété, et le droit infâme de propriété sur les êtres libres s’appelle l’esclavage. La femme n’est pas née pour être esclave. Femmes, mes sœurs, vous avez souvent repoussé mes paroles parce qu’on vous disait que je voulais vous perdre. Non, vous dis-je ; je veux vous sauver, mais il faut vous instruire, il faut vous dégager des scrupules d’une fausse religion, il faut vous armer de courage. Quand vous saurez vouloir, tout sera fait, car les hommes ont besoin de vous, comme l’enfant a besoin de sa mère ! » (L’Émancipation de la femme [posthume], Manucius, 2019)
BALLAST | L'abécédaire de Flora Tristan
Fille non reconnue d’un mariage clandestin, épouse malgré elle d’un homme qu’elle appelle son « assassin » (depuis que celui-ci lui a décoché deux balles dans la poitrine), mère désormais célibataire ayant connu trois grossesses en trois ans, ouvrière coloriste sans-le-sou, Flora Tristan s’est donnée à elle-même le surnom de « paria ». Ses écrits, essentiellement constitués de carnets de voyage, ne sont pas ceux d’une théoricienne : on pourra y trouver des jugements datés. Mais on y découvrira l’œuvre novatrice d’une militante féministe et socialiste, convaincue que l’émancipation des ouvriers ne se fera pas sans celle des femmes. En 1843, ayant fait imprimer un livre-programme intitulé L’Union ouvrière, elle décide de sillonner la France avec un seul projet en tête : « constituer la classe ouvrière ». Quelque cinq ans, donc, avant que Marx et Engels ne le fassent dans une célèbre brochure, elle lance : « Prolétaires, unissez-vous ! » Tentons, à travers les 26 extraits rassemblés ici, de ranimer l’« ombre toujours frémissante de Flora Tristan1 ».